Sa façade occidentale est aujourd’hui masquée par un échafaudage, au pied duquel filent sans Ciller des enfants de retour de l’école ou des usagers à trottinette. Au 27, rue François-Bonvin, dans le 15e arrondissement de Paris, l’emblématique église Sainte-Rita est en pleine réincarnation.

Les travaux du siècle : ravalement, désamiantage, etc.

Fin 2023, la restauration papesque de l’édifice au rocambolesque passé a effectivement été lancée, comme en témoignent les différentes affichages visibles sur la palissade de chantier. Parmi les 12 travaux d’Hercule du cabinet d’architecte Renaissance : ravalement des façades, réfection des couvertures et de l’étanchéité, désamiantage… Le tout pour « de nouveau accueillir la collectivité ».

Érigé en 1900 dans un style néogothique, le lieu de culte dédié à la patronne des causes désespérées a été fondé pour l’Église catholique apostolique, comme à l’occasion de le rappeler le diocèse de Paris. Devenu l’église gallicane, « non reconnue dans le dialogue œcuménique », à l’aune des années 1990, il a acquis une réputation populaire et médiatique, notamment en raison de la bénédiction des animaux qui s’y déroulait chaque année.

Revenus de l’association propriétaire des lieux à une société privée en 2000, Sainte-Rita a été utilisée par divers mouvements ou associations, sans aucun lien avec l’Église catholique, n’a eu de cesser de marteler le diocèse de Paris. Il faut bien avouer que l’on s’y perd dans la succession des événements et polémiques qui ont marqué l’actualité à compter de 2010, lorsqu’il a été question de la démolir.

Une opposition musclée au premier projet

Le promoteur d’alors, Océane, a voulu y construire des logements sociaux et des places de stationnement. Les Paroissiens, au nom de leur attachement au lieu de culte et à sa fréquentation, et maire d’arrondissement, au nom de la sauvegarde du patrimoine, s’y opposèrent fermement.

Un permis de construire est validé en 2012, le devenir de la paroisse devient l’un des enjeux dans les élections municipales en 2014. Un blocus est organisé en 2015 par l’association Les Arches de Sainte Rita et des proches de l’extrême droite . L’église est occupée en 2016, puis évacuée manu militari par les forces de l’ordre, se souvient encore aujourd’hui auprès d’actu Philippe Goujon, maire (LR) d’arrondissement. Mais elle est sauvée de la démolition en 2019.

« L’église est passée de main en main », évoque l’édile. Plusieurs projets ont été présentés, comme celui de « cet organisateur de spectacles à destination des touristes », ou encore « cet opérateur qui voulait transformer le lieu en espace de coworking ». Sans jamais satisfaire pleinement le maire, qui ne s’attarde même pas sur les propositions des cultes en tout genre (maronites, orthodoxes…) s’étant manifestés.

Rachetée en 2020, Sainte-Rita pourrait cependant connaître un retour en grâce, tout aussi insolite que son histoire l’est depuis plus d’un siècle. En 2021, la SCI Rita a mis en avant un embellissement de l’édifice et, il y a quelques mois, Philippe Goujon a validé le projet d’une société qui a pignon sur mur à Paris, nous confirmons-t-il. Il consiste à « transformer l’édifice en espace consacré à la détente et au travail autour de l’escalade ». Contactée, l’entreprise qui est projetée dans cinq autres arrondissements de la capitale n’avait pas répondu à nos sollicitations à l’heure où nous écrivions ces lignes.

Avec ses 14 mètres de hauteur sous faîtage, l’église Sainte-Rita a tous les arguments pour ravir les amateurs de grimpe en salle, et dynamiser l’arrondissement. Ce sur quoi aura l’occasion de se prononcer les riverains lors d’un prochain conseil de quartier.

« Moi, tout ce que je voulais, c’était conserver ce patrimoine, insiste Philippe Goujon. Je ne voulais pas qu’elle soit détruite et que l’on mette à la place des logements façon cages à lapins. »

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