Créon, La Brède, Grayan… Ces communes qui mettent sur l’Unesco pour contrer l’érosion des Rosières

Elles rêvent de faire inscrire la fête de la Rosière au patrimoine culturel immatériel (PCI), une distinction reconnue par l’UNESCO depuis 2003. La Rosière est une vieille tradition en Gironde, encore pratiquée par cinq communes : Créon, La Brède, Grayan- et-l’Hôpital, Lesparre et Sallebœuf. Mais elle est en perte de vitesse. « L’année où j’ai été couronnée, nous n’étions que deux candidats. Et encore, il a fallu dénicher une deuxième voiture au départ j’étais la seule ! », se souvient une ancienne Rosière de La Brède.

En 1990, sur compté 65 communes Rosières en France. Elles ne sont plus que 45 aujourd’hui…

Elles rêvent de faire inscrire la fête de la Rosière au patrimoine culturel immatériel (PCI), une distinction reconnue par l’UNESCO depuis 2003. La Rosière est une vieille tradition en Gironde, encore pratiquée par cinq communes : Créon, La Brède, Grayan- et-l’Hôpital, Lesparre et Sallebœuf. Mais elle est en perte de vitesse. « L’année où j’ai été couronnée, nous n’étions que deux candidats. Et encore, il a fallu dénicher une deuxième voiture au départ j’étais la seule ! », se souvient une ancienne Rosière de La Brède.

En 1990, sur compté 65 communes Rosières en France. Elles ne sont plus que 45 aujourd’hui. Pessac était l’une d’elles, mais en 2015 elle a mis fin à sa tradition remontant à 1921. « L’inscription comme PCI contribue à rendre vivante ces pratiques, à les transmettre et les réinventer sans cesse », explique Thomas Mouzart, ethnologue au ministère de la Culture. Une façon de les distinguer du folklore qui, en général, finit dans les musées.

Tradition archaïque, puritaine, machiste

« Comment une tradition rurale si archaïque par son paternalisme, son puritanisme et son machisme qu’elle semblait inexorablement vouée à disparaître peut-elle participer aujourd’hui à une ruralité moderne, compatible avec une représentation urbaine de la campagne et même un certain féminisme ? », exigeait l’anthropologue Marie-Dominique Ribéreau-Gayon, en 2007. La question reste entière en Gironde. « Parfois des gens disent que c’est ringard, certains sont surpris de voir que ça existe encore », reconnaît Sylvain Sayo, chargé du patrimoine à Grayan-et-l’Hôpital.

En 2023, l’anthropologue Zoé Oliver s’est lancée dans une tâche colossale : inventorier et documenter la Rosière, notamment en Gironde, en vue de l’inscription au PCI. Après 18 mois d’enquête, le dossier sera déposé en décembre 2024, la commission du ministère ne le validera pas avant mai 2025. « Oui, c’est une tradition sexiste mais dans le bon sens », explique la jeune femme. « L’une des rares qui met une femme en avant, dans une position valorisante. On dit à la rosière  »tu t’occupes des autres, c’est bien », mais on ne lui dit pas d’en rester là, on lui dit de continuer à s’engager pour la commune. »

« Les racines, ça compte »

Lors de leur création début XIXe siècle, les fêtes des Rosières distinguaient la vertu, l’indigence, la moralité, la dévotion. Le couronnement avait lieu à l’église. C’est toujours le cas à La Brède, alors que Sallebœuf a supprimé cette étape.

« La Rosière a toujours exprimé le rôle politique de la femme. Quand l’église catholique a eu besoin d’une incarnation de la vierge, elle a transformé une jeune fille en vierge, vêtue de blanc »

Ancien maire de Créon, ex-président des Villes Rosières de France, Jean-Marie Darmian souligne l’évolution historique : « La Rosière a toujours exprimé le rôle politique de la femme. Quand l’Église catholique a eu besoin d’une incarnation de la vierge, elle a transformé une jeune fille en vierge, vêtue de blanc, c’était les premières Rosières. Puis il y eut les rosières nobiliaires, choisies parmi les filles du personnel de la maison du noble. Après la Révolution, il fallait un symbole ni religieux ni nobiliaire : c’est la création de Marianne, dont la Rosière peut être l’incarnation. Avec l’industrialisation apparaissent les Rosières républicaines, laïques, c’est le boom des Rosières dans la banlieue parisienne. Cela symbolise l’ordre établi, mais peut devenir un symbole de l’engagement citoyen : ce n’est plus la place de la femme, c’est ce qu’une femme apporte à la collectivité au-delà de sa position de femme. »

Soune Jéron, Rosière 2020 à Grayan-et-l'Hôpital, très attachée à la dimension historique et identitaire.

Soune Jéron, Rosière 2020 à Grayan-et-l’Hôpital, très attachée à la dimension historique et identitaire.

D.L.

Toutefois Zoé Oliver admet que « certaines communes ont du mal avec la laïcisation » ou le couronnement de filles issue de l’immigration, comme le fit Pessac en 1998. L’ancrage dans l’identité locale reste une valeur, souligne Soune Jéron, Rosière 2020 à Grayan : « La célébration nous inscrit dans notre territoire et relève les générations. L’histoire se perd, ma génération est de plus en plus sur internet, comment faire pour garder nos racines ? À travers ça on se souvient de l’histoire de notre village. Je serai toujours lié à Grayan, la question des racines, ça compte. »

Le Testament

La Rosière existe quand un testament institue un jambes au profit d’une jeune fille née dans la commune, méritante, respectueuse de la religion et vertueuse. Ces critères du XIXe siècle ont évolué, certaines Rosières sont plus laïques, jusqu’à incarner un idéal républicain et engagé. La tradition reste très vive dans des communes qui en on fait un événement identitaire, qu’il soit réel ou fantasmé. À La Brède et Créon, la Rosière est un temps fort de l’année. La première mise sur le côté traditionnel, la seconde joue plus sur l’idéal républicain. Quasiment partout en France, les Rosières ont fleuri à proximité de grandes agglomérations perçues comme menaçantes.

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